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Dans les coulisses – Groupe EDLC

Dans les coulisses

 

Un grand-père

La routine

Mélancolique

Egoïste

Dans les coulisses d’un théâtre

Mettre le plus d’adjectifs de couleurs

Quand j’étais jeune

« Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre »

 

Dans les coulisses

 

Tous les jours à la même heure, celui qu’on appelle « le grand-père » fait son entrée dans le hall du théâtre. L’homme en réalité sexagénaire, se fait appeler « le grand-père » à cause de ses manies de petit vieux. Ses pas résonnent sur le lino jaune du grand hall d’entrée. Le grand-père lève les yeux vers l’horloge murale affichant 16h15. Puis, il relève la manche de son manteau dévoilant une montre dont les aiguilles indiquent également 16h15. Un petit sourire de satisfaction se dessine sur son visage. Pile à l’heure.

Il salue Nadia, l’ouvreuse, une jeune femme d’une trentaine d’années. Tout en s’approchant du guichet, il lui fait toujours le même compliment sur ses beaux yeux bleus lui rappelant ceux de l’énigmatique Michèle Morgan. Certains jours comme aujourd’hui le grand-père aime lui rappeler qu’il a été figurant dans le film Landru de Claude Chabrol. « C’est quand j’étais jeune » laisse-t-il échapper dans un soupir.

Nadia prend la peine de lui sourire à chaque fois. Un sourire lasse, de circonstance.  Mais cet après-midi là, Nadia n’arrive pas à sourire. Ses yeux sont rougit. Après s’être mouchée, Nadia repose un petit mouchoir blanc et usé sur le comptoir. Le grand-père ne semble pas apprécier le manque d’intérêt de la jeune femme pour son anecdote. Nadia explique en sanglotant qu’il s’agit de Didier, son mari. Elle l’a surpris en train de draguer la nouvelle voisine, une petite étudiante qui vient d’emménager. Le grand-père hausse les épaules et déclare « Vous savez ma Nadia, celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre. Toujours ». Il tapote sur le guichet et disparaît dans un couloir. Nadia reste pantois quelques secondes avant de recommencer à chouiner de plus belle.

Vêtu d’un uniforme bleu, le grand-père pousse un chariot de ménage. Il ouvre la porte des loges. A l’intérieur de la pièce des paquets de gâteaux traînent un peu partout, ainsi que des bouteilles de vins vides. Même un bouquet de fleurs de roses rouges sans doute piétiné gît au sol. Le grand-père vient s’asseoir sur une des chaises face au miroir. Il ferme les yeux, prend une grande inspiration et finalement se relève. Le grand-père se dirige alors vers son chariot et détache son balaie. Il s’active à nettoyer la loge avant l’arrivée de la troupe de comédiens. Le grand-père regarde sa montre : 18H. Au même moment, on entend la troupe d’acteurs faire leur entrée dans le théâtre. La loge est propre, prête à les accueillir. Tout en balayant le sol, le grand-père observe les comédiens en catimini en train de se maquiller et répéter quelques tirades. La troupe se presse, l’heure du spectacle va commencer. 19H – Derrière le rideau, dans les coulisses, le grand-père regarde les spectateurs s’installer dans la salle. Le battement de son cœur s’accélère. Les comédiens le rejoint à l’entrée de la scène. Pendant un instant, le grand-père se mêle à eux, a comme le sentiment de lui aussi faire parti de cette troupe avant de finalement reculer et de disparaître dans l’obscurité des coulisses.

 

Par Lucile Mayet




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