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Chapitre 1 : La chambre – Groupe EDLC

Chapitre 1 : La chambre

 

 

Chloé regarde par la fenêtre de sa chambre. D’ici, elle peut voir toute la ville. Elle la connaît par cœur. D’ailleurs, si elle ferme les yeux, elle peut la dessiner du bout des doigts. Dans le ciel, des oiseaux tracent de grands cercles, comme s’ils montaient la garde. En face, le train transperce la forêt pour fuir vers la grande ville. En bas, dans le centre, il y a l’immeuble de Marie. Chloé le reconnaît parce que tous les balcons sont fleuris. Marie y habite depuis que Chloé la connaît. Quand elles étaient au collège et qu’elles séchaient  les cours, elles avaient l’habitude de s’y réfugier. Ses parents n’étaient jamais là. Alors, elles parlaient des garçons, de la vie et pouvaient passer des heures à regarder des films d’amour. Parfois, Thibaut, Pierre et Louis les rejoignaient pour une partie de nintendo mais à l’époque, ils préféraient surtout faire exploser des pétards dans le but d’effrayer les filles.

Aujourd’hui, Thibaut habite en face de chez Marie. De sa fenêtre, Chloé ne peut pas voir son appartement. Quant à Pierre, il vit dans une maison derrière chez Chloé, pas loin du Lycée. Mais la maison que Chloé voit le mieux de sa fenêtre, c’est celle de Louis. Elle est juste là bas, de l’autre côté de la colline, collée à la forêt. Souvent, elle essaie d’imaginer ce que Louis est en train de faire et dès que la lumière de sa chambre s’allume, son cœur se met à battre. Ce soir, elle est éteinte, il est déjà tard et demain est un grand jour. Oui demain, ils vont avoir les résultats du Bac.

Chloé regarde une dernière fois la ville de son enfance scintiller sous ses yeux et appuie sur le bouton près de la fenêtre. Le volet commence alors à descendre la faisant petit à petit disparaître. Sa chambre est maintenant plongée dans la pénombre. Seules des guirlandes rouges orangées l’éclairent. Chloé aime cette atmosphère cosy, elle s’y sent bien. Au mur, de nombreux posters d’acteurs de séries. ça fait un an qu’elle doit les retirer mais elle n’a pas encore eu le courage. Au dessus du bureau, l’horloge que lui a offerte sa grand-mère indique une heure du matin. Il est temps qu’elle aille se coucher sinon elle ne va pas entendre son réveil demain. Toute sa famille est déjà couchée. A son étage, la chambre de ses parents. A l’étage du dessus, les anciennes chambres de ses sœurs. Elles ont quitté la maison depuis un an maintenant. Chloé entend gratter derrière la porte. Elle s’approche et tourne en silence la poignée. Une boule de poile blanche se faufile alors dans la chambre en ronronnant telle une locomotive. Le dos rond, elle vient se frotter aux jambes de Chloé qui la caresse. Après un gros câlin, Chloé enfile son pyjama à carreaux vichy, son préféré et se dirige vers le lavabo.

En face d’elle, son reflet. Elle se regarde un moment, plonge son regard dans ses yeux marrons qui virent au noir ce soir, se touche le visage, se scrute, se cherche. Est-ce qu’elle a changé depuis toutes ses années ? Ses cheveux peut-être ? Oui, ils sont plus longs mais rien de bien extraordinaire.  Ses traits ? Non, elle a toujours sa petite bouille ronde et son air enfantin. Ce n’est pas à l’extérieur qu’elle a changé mais à l’intérieur. En soupirant, elle s’attache les cheveux en un chignon, retourne le sablier et commence à se brosser les dents énergiquement. 3 minutes plus tard, les derniers grains de sable sont tombés. Chloé repose sa brosse à dents, éteint les dernières lumières et se dirige vers son lit.

Un lit double, elle l’a eu pour son anniversaire cette année. Avant elle avait un lit simple en hauteur. Elle l’aimait bien, mais comme elle va bientôt avoir 18 ans, ses parents lui ont acheté un grand lit dans lequel elle ne sait pas trop où se mettre. Elle trouve qu’il y a trop de place pour elle toute seule, alors, elle le rempli de coussins pour combler le vide.

Allongée sous sa couette, elle regarde le plafond. Là-haut, une dizaine d’étoiles phosphorescentes brillent.  Elle se souvient de l’euphorie et de l’excitation qu’elle avait ressenti quand elle les avait collé avec son père. Aujourd’hui, certaines se décollent à moitié mais tiennent coûte que coûte. Chloé éprouve une nostalgie remplie de tendresse en les regardant. Elle leur jette un dernier regard puis se roule en boule sur le côté et ferme les yeux. Le cœur serré, elle pense à lui.

 

Tiphaine Cazanave

 

Par Tiphaine CAZANAVE




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